Dans les bois de Montségur, château du sud de la France, on entendit hurler une bête fauve un soir de mai.
Une étrange lueur semblait venir d’une tour.
Les habitantes du village d’un hameau non loin de là s’inquiétaient un peu de ce hurlement rauque dans la nuit.
Va chercher « le bonshomme » cria martia une jeune villageoise à son jeune frère.
Celui que l’on dénommait ainsi était arrivé, il y a bien 20 ans dans le village et on lui prêtait des pouvoirs guérisseurs. Il se distinguait par une simplicité d’existence, vivant comme une sorte d’ermite en communion avec la nature ce que n’aurait pas renié Saint-Paul.
Le jeune garçon arriva jusqu’à son logis, une sorte de masure en petite pierre, frappa à la porte. Le bonshomme, un être à la barbe noire lui ouvrit la porte et le regarda de ces yeux perçants.
» C’est au château que cela se passe , on y reçoit une reine d’Espagne maugréa t-il. »
Je vais de là appeler mon ami le courtois Mani pour qu’il chasse ce démon du bois.
Le petit garçon ouvrait de grand yeux, il n’avait jamais vu le courtois Mani. On lui avait bien raconté ces histoires d’amour passion, de beausté de la dame, mais de son âge il préférait les légendes de chevaliers et l’obscurantisme clérical qui sévissait alors dans la région lui faisait peur. Il ne voulait pas finir brûlé.
Le bonshomme sortit, entrant dans la sombre forêt. On l’entendit psalmodier des mots dans une langue inconnue, une sorte de patois riche d’un son antiquisant ou peut-être oriental.
Un rire semblait comme retentir venant du château, un rire de fantôme.
D’un coup un éclair frappa le village, on entendit un dernier hurlement mais plus lointain.
La pluie se mit à tomber. Et le bonshomme rentra dans son logis, fermant sa grosse porte de bois de chêne.
Ménestrel et troubadour pourrait mieux vous conter cette histoire dont il est dit simplement dans un songe de calice que Montségur avait accueilli une reine d’Espagne dans une lugubre nuit.