Découverte d’un poème magnifique ce soir, du poète du moyen-age Jean Froissart. Un poème intitulé Rondeaux dans l’anthologie poétique que je me suis procuré et qui semble interroger le temps qui passe en donnant comme une réponse courtoise sur l’amour et l’amitié. Mais ce qui fait l’originalité de ce poème outre ces tournures d’esprit, c’est cette idée un peu magique aujourd’hui et que s’attribue le poète de se fier à la lune pour connaitre le temps. A la lune et aussi à la chandelle. Mystère de la poésie à travers les siècles et tous ces poèmes sur ce thème de la lune. Elle est ici évoquée simplement. Ce poème est un peu comme l’appel, la demande d’une sorte de révélation, la révélation qui est parfois faite au poète, comme une exception ou une fleur de marguerite, nonpareille. Y a t-il un calice poétique comme il y a un graal ? La poésie du Moyen-age en semble particulièrement rempli. L’interprétation guitare voix de ce poème se voudra improvisée sur des accords simples de guitare folk en essayant de s’intéresser à la respiration de ce poème. Mais, je vous laisse le lire et profiter du plaisir de cette découverte.
Jean Froissart (1337-1404) Rondeaux
On doit le temps ainsi prendre qu’il vient :
Toujours ne peut durer une fortune ;
Un temps s’en va, et puis l’autre revient :
On doit le temps ainsi prendre qu’il vient.
Je me conforte à ce qu’il me souvient
Que tous les mois avons nouvelle lune ;
On doit le temps ainsi prendre qu’il vient.
Il n’est plaisir, divertissement, ni joie
Qui vienne au cœur, si ce n’est par aimer ;
Je veux le dire, partout ou que je sois:
Il n’est plaisir, divertissement, ni joie;
Les ignorants, je voudrais volontiers
Etre amoureux, pour honorer cet état.
Il n’est plaisir , divertissements, ni joie
Qui vienne au cœur, si ce n’est par aimer
Duquel des deux fait Amour plus grande cure ?
Ou de la Dame ou du Loyal ami
Quand chacun d’eux en bonne amour procure ?
Duquel des deux fait Amour plus grande cure ?
Je veux me taire, la matière est obscure,
Et je laisserai juger un autre que moi.
Duquel des deux fait Amour plus grande cure ?
Ou de la dame ou du loyal ami?
Si je me plains, ma dame j’ai bien de quoi,
Car vos regards me sont un peu trop fiers:
Adoucissez-les quand les jetez sur moi.
Si je me plains, ma dame, j’ai bien de quoi.
Ils ne me font que tristesse et anoi
Et ce n’est pas ce dont j’ai besoin.
Si je me plains, ma dame, j’ai bien de quoi,
Car vos regards me sont un peu trop fiers.
On écrit bien telle lettre à la chandelle,
Qui plait moult bien quand on la lit au jour.
Amour, je suis dans cette affaire pareil;
– On écrit bien telle lettre à la chandelle –
J’ai en mon cœur écrit la nonpareille
Qui est nommée fleur de marguerite.
On écrit bien telle lettre à la chandelle
Qui plait moult bien quand on la lit au jour.
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