Un moine , poète du Xiv ème siècle raconte dans un ouvrage en vers son pèlerinage spirituel vers la Jérusalem céleste après avoir lu le roman de la rose.
Il semble donc s’agir d’un véritable rêve et le poète s’adresse dans ce pélerinage au début du livre à ceux qui sont sans maison. S’agit-il de maison terrestre ou celeste ? Le poète ne l’explicite pas réellement. C’est en tout cas un voyage qu’il fait en pélerin rencontrant dieu, la charité et ce qui nous intéressera dans cet extrait, la Nygromance.
C’est à dire une science occulte et magique, un art des morts voir une sorte de diablerie de maléfice ou sorcellerie condamnable. Ainsi pour Patrick Boudet auteur de entre science et nigromance « le vol de nygromance-implicitement décrit par le poème de Dilgulleville est une sorte de vol de l’âme en tout cas d’après les mots du personnage « Nygromance » ce qui suppose une damnation éternelle. Or, au Moyen Age, il avait une sorte de fantasme du vol magique alimentant sorcellerie et nigromance.
La nigromance serait en fait le nom commun se développant chez les clercs et laics entre le 12 ème et 15 ème siècle pour qualifier la nécromance, l’art magique près des morts.
La nigromance serait-elle donc une sorte de science issue d’une magie archaïque, la nécromance ?
Le texte du Moine Diguiville ressemble presque à une initiation à une science lors de la discussion entre le pélerin et Nygromance , une science avec une condamnation comme une sorte de justice et d’enseignement à travers l’idée de leçon.
Et ainsi la Nygromance semble lui présenter un livre et un serment , et comme souvent dans une initiation, celle-ci suppose une mort . Ainsi, le mot de damnation n’est peut-être pas le mieux choisi à moins que l’on considère les sciences comme damnées. La leçon étant celle de la Mors anime, de l’animation de la mort à travers la leçon entre bien et honneur et méfaits.
Le glaive bouté à la fin de cet extrait ressemble presque à la mise au pas du pélerin, à un rite de chevalerie. Le terme occis tu seras semble le prouver. Il s’agirait donc plutôt d’un art , d’une science de la mort étrangère au commun des mortels avec une sorte d’incipit, peut-être un poème animant la mort.
La version guitare voix de cet extrait du poème s’essayera à représenter ce langage magique.
(A écouter avec un casque audio ou des bafs stéréo son un peu faible)
LE PELERIN
Pourquoy me retourne et vi
Que du pavillon hors yssoit
Une vieille qui noire estoit
Tenant ung glaive nu bouté
En un livre et engayné
Et avoit elles pour voler.
Tantôt commença à crier:
« Attens moy, pas n’eschapperas
Quant de la maistrise orras. »
A vol amoy tantost s’en vint
Maiz sur un arbre hault se tint.
NYGROMANCE:
Disant: je suis Nygromance
Qui biens et honneurs avance
Afin que son loyer en ait.
Cellui qui faire le mefait
Siques oy une leçon.
Veez ici un livre qui a nom
Hic incipit Mors anime.
Le glaive y est mis et bouté
Duquel quant tu oy auras
Ma leçon, occis tu seras