Théophile Gautier a écrit de nombreux poèmes, on peut retrouver ceux-ci dans divers recueils dont le livre que je me suis procuré « première poésie ». Ce livre ne comporte pas l’ouvrage émaux et camées mais contient lui aussi de jolis morceaux poétiques comme le poème chimère qui est un grand poème de Théophile Gautier. Un poème ou la chimère cet animal fantastique ressemble beaucoup à la métaphore d’une femme dans une lutte presque physique. Et ou le poète comme défiant la matière et peut-être en esthète affirme « je veux voir mon rêve en sa réalité ».
Cette interprétation un peu bidouillé avec les moyens du bord mettra la voix en avant laissant quelques sons à la guitare.
La chimère
Une jeune chimère, aux lèvres de ma coupe,
Dans l’orgie, a donné le baiser le plus doux
Elle avait les yeux verts, et jusque sur sa croupe
Ondoyait en torrent l’or de ses cheveux roux.
Des ailes d’épervier tremblaient à son épaule
La voyant s’envoler je sautai sur ses reins ;
Et faisant jusqu’à moi ployer sou cou de saule,
J’enfonçai comme un peigne une main dans ses crins.
Elle se démenait, hurlante et furieuse,
Mais en vain. Je broyais ses flancs dans mes genoux ;
Alors elle me dit d’une voix gracieuse,
Plus claire que l’argent : Maître, où donc allons-nous ?
Par-delà le soleil et par-delà l’espace,
Où Dieu n’arriverait qu’après l’éternité ;
Mais avant d’être au but ton aile sera lasse :
Car je veux voir mon rêve en sa réalité.