Thème de l’atelier-Décrire un lieu: Le café littéraire le Petit Ney- Paris 75018

Qu’est ce qu’un café littéraire?

C’est en songeant à cette question que je me dirigeais vers le lieu insolite du Petit Ney semblant faire de la plume une joyeuse fête.Le bus 137 me déposa avenue porte de Montmartre.L’avenue était propre et dégagée et après quelques instants de flottement le numéro 10 de la rue apparut devant moi.Que dire de ce lieu? Il était plutôt sobre à première vue même si une couleur bleutée,d’un bleu non pas marine, mais plutôt d’un bleu de plage, encadrait la devanture.Des affiches étaient collées sur les vitres faisant état des nombreuses activités du site.

Dix heures sonnait déja et la porte ne s’ouvrait pas.Au loin, au fond du café, par les fenêtres,grandes baies, s’il on veut, on pouvait apercevoir des journaux ou plutôt un journal parlant du 18 ème arrondissement.Attendant toujours devant la porte fermée,celle-ci comme un obstacle à notre envie future,je détaillais les tables et les chaises.Elles semblaient en bois massif,sortes de lourde tables de celles pouvant être chères au cœur.En fond de salle, on apercevait un bar, comptoir des idées probablement.Avec un peu d’imagination, il était commode d’envisager l’agitation, le soir, dans cet établissement.Il proposait d’ailleurs des soirées chantantes.Bar du Petit Ney, café littéraire pour jeu de plume, slam ,voir poésie.

Lire Chatterton D’alfred De Vigny

Chatterton est une pièce de théâtre composée par Alfred de Vigny en dix- sept nuits.Cette production intensive sur une courte période n’est pas sans rappeler un autre écrivain, Honoré De Balzac qui comme nous le savons dormait très peu pour écrire la monumentale Comédie humaine.En tout cas, ici, alors que  Vigny,lui-même poète, déçoit avec ce théatre sur la vie tragique d’un poète nommé Chatterton. Balzac , qui n’était pas poète, réussit lui un roman extraordinaire avec l’histoire du Jeune Poète Lucien de Rubempré.Est-ce  à dire que le théâtre n’est pas le format idéal pour traiter de poésie? Attendons peut-etre de voir un jour les illusions perdues adaptées pour la scène.L’avenir  permet  parfois ce genre de rêve.Mais, revenons à Chatterton. Vigny ,dans cette pièce, présente en quelque sorte la malédiction pesant sur le poète qui ne peut vivre avec ses semblables, accaparé qu’il est par sa souffrance intérieur et qui tombe dans le désespoir moral et financier.Si ce théâtre de Vigny est plutôt faible tant dans son expression que dans son action, la préface nommée dernière nuit de travail est magnifique.C’est une sorte de manifeste pour le poète, l’artiste.L’auteur imagine  trois sorties pour l’homme d’écriture devenir homme de lettre, grand écrivain ou poète, les trois genres pouvant se mélanger.Mais pour le  poète, il en appelle au législateur et demande le pain et le temps.La pensée fugitive de Van Gogh et de son tableau les mangeurs de pommes de terre s’impose à l’esprit pour parler de manger à sa faim ou de grande pauvreté. .Cette préface est donc une sorte de petite révolution et elle intéresse autant l’artiste que l’homme landa. En effet, soutenir les arts, c’est permettre à tout un peuple de s’instruire, de se positionner à travers le passé et l’avenir et aussi très certainement  de rêver .Les arts ne sont-ils pas toujours en lien avec notre inconscient et notre moi profond ? Les communications dites invisibles ne se font-elles pas ainsi, voyageant dans les esprits  telles des chansons nomades? Vigny précise qu’il a écrit cette pièce pour montrer le  désespoir qui peut toucher l’homme spirituel et par extension le  poète.Voyons maintenant la pièce en elle même.

L’histoire du jeune poète Chatterton est présentée en trois actes.La première critique et la plus importante est celle concernant l’amour caché entre Chatterton et sa logeuse Kitty bell femme d’un riche industriel.En effet, l’amour fou existant entre ces deux personnages n’est pas réellement amené dans la pièce.Cet amour né d’un seul coup alors qu’ils se sont  vus une fois en trois mois est peu crédible.De plus, ils ne se passent pas grand chose en trois actes.Chatterton ressemble à un enfant capricieux  qui refuse l’aide qu’il a autour de lui.On le comprend bien, au départ, sa situation n’est pas dramatique, il est aimé, logé, a un ami.  Le drame d’être poète, pauvre, de ne pouvoir rien faire d’autre,de souffrir le martyr,d’avoir  un dur labeur n’est pas ici assez bien démontré.Au contraire, dans les Illusions perdues De Balzac on ressent tout de suite la torture pour le poète, la difficulté de sa vie.On le comprend si Vigny a toujours été à l’abri du besoin, Honoré De Balzac a eu des mois miséreux.Le drame romantique apparait néanmoins à la fin de la pièce  avec le suicide du jeune poète; inspirant sa fiole d’opium. et la mort somme toute moderne de  Madame kitty Bell.

Ce livre est en fait pour Vigny, une sorte d’excuse. D’abord, pour offrir une pièce à Marie Dorval, l’actrice, qu’il aime et aussi  comme il le dit lui même pour prendre comme symbole le nom de Chatterton, jeune poète anglais suicidé à 17 ans, afin de défendre le poète et de tenter le bien en son nom.

On peut donc s’interroger sur le succès de la pièce et Théophile Gautier dans un article du moniteur nous en donne l’explication.Il rappelle que la jeunesse de ce temps la était ivre d’art, de passion et de poésie.Les cerveaux bouillaient, les cœurs palpitaient d’ambitions.Le sort d’Icare n effrayait personne.Des ailes! des ailes!L’infatuation de l’art poussait  certains qui aimèrent mieux mourir que de renoncer à leur rêve et l’on entendait réellement dans la nuit craquer la détonation des pistolets.

La pièce de Vigny sonne  comme un écrit de vérité  et elle définit par le drame, une vision, le portrait d’un jeune poète au 19 ème siècle. Il faudrait  donc maintenant se pencher sur  le roman Stello du même auteur   qui raconte lui aussi une histoire de poètes, Vigny, prince des poètes ou peut-etre gardien du temple!

Le rêve orphique

 

De l homérique nuit  d’où tu pars  ce soir

Faisant voyage fantasque tel L’Ulysse des mers

Qu’est devenue la  terre ?

Les forêts ténébreuses  sont-elles  en rêves plus grandes ?

Chimères dans tes visions auraient des aires plus tendres ?

Voila , soudain un cri qui dévore L’espace

Combat sur la rive au passage du Styx

Le Nocher des enfers  te jette de sa barque

Âme, l’esprit touché, le corps plein de sueur

 

Une stèle apparait dans ce violent cauchemar

Et Il y  est écrit

Quiconque commet  parjure

Perd   la voix, le souffle

Pour neuf longues  années  en buvant l’eau du fleuve

Te voici donc prévenu du prix  du bannissement

 

Puis Néréides t’emportent de rêves  en cascade

As-tu croisé Achille et sa mère Thétis ?

Une larme perle sur ta joue

Fin du  sommeil antique

 

Bruit,  grondement  d’orage

Te réveille blafard

Et le chant des sirènes irritant tes tympans

Comme une musique lointaine, un air déjà su

Tu te lèves un peu sourd  à moitié hébété

Et  triste comme Orphée tu  t’asperges d’eau

 

Le retour à la vie sans ta femme tutélaire

Est  un profond chagrin  un voile de mystère

Même si ramenant d’ailleurs un peu de ses fragrances

Tu penses :

«  âme revit

Cœur à bien d’autre danse »

Et tu te dis Titan, d’origine divine

Reliquat de la race qui puisse entendre  les songes

Druide autrefois peut-être

Près des souvenirs mortels

Dans ces nuits fauves belles

Oh! Parfums immortels

Mais……….Ton amour n’est plus.

 

 

(Térrog- le rêve orphique)

 

Leconte de Lisle-Poèmes barbares-Les Elfes-Interprétation guitare/voix

Un autre poème de Leconte de Lisle, une version chantée  pas aussi réussie que le poème les oiseaux de proie mais je propose finalement cette ballade pour l’instant , quitte à la modifier plus tard.C’est une interprétation des 3 premiers couplets.Petite précision une erreur s’étant glissé dans la présentation du morceau il s’agit de prononcer Leconte de Lile et non De Lisle le S  ne se prononçant pas.

Les elfes   Leconte de Lisle les elfes-Clip audio 182

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Du sentier des bois aux daims familier,
Sur un noir cheval, sort un chevalier.
Son éperon d’or brille en la nuit brune ;
Et, quand il traverse un ravon de lune,
On voit resplendir, d’un reflet changeant,
Sur sa chevelure un casque d’argent.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Ils l’entourent tous d’un essaim léger
Qui dans l’air muet semble voltiger.
– Hardi chevalier, par la nuit sereine,
Où vas-tu si tard ? dit la jeune Reine.
De mauvais esprits hantent les forêts
Viens danser plutôt sur les gazons frais.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

– Non ! ma fiancée aux yeux clairs et doux
M’attend, et demain nous serons époux.
Laissez-moi passer, Elfes des prairies,
Qui foulez en rond les mousses fleuries ;
Ne m’attardez pas loin de mon amour,
Car voici déjà les lueurs du jour.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

– Reste, chevalier. Je te donnerai
L’opale magique et l’anneau doré,
Et, ce qui vaut mieux que gloire et fortune,
Ma robe filée au clair de la lune.
– Non ! dit-il. – Va donc ! – Et de son doigt blanc
Elle touche au coeur le guerrier tremblant.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Et sous l’éperon le noir cheval part.
Il court, il bondit et va sans retard ;
Mais le chevalier frissonne et se penche ;
Il voit sur la route une forme blanche
Qui marche sans bruit et lui tend les bras :
– Elfe, esprit, démon, ne m’arrête pas !

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

Ne m’arrête pas, fantôme odieux !
Je vais épouser ma belle aux doux yeux.
– Ô mon cher époux, la tombe éternelle
Sera notre lit de noce, dit-elle.
Je suis morte ! – Et lui, la voyant ainsi,
D’angoisse et d’amour tombe mort aussi.

Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.